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Paul Mc Cartney BD

Compte rendu de lecture / Paul. La résurrection de James Paul McCartney (1969-1973)

Auteur : Hervé Bourhis

Lieu d'édition : Bruxelles

Maison d'édition : Casterman

Année : 2025

Nombre de pages : 88

Le dessinateur Hervé Bourhis s’est donné le défi de raconter sous forme de BD la période « noire » de Paul McCartney entre la fin des Beatles et le début du succès du groupe Wings (l’ouvrage dépasse d’ailleurs quelque peu l’année 1973 indiquée dans le titre). Ce récit commence en fait avec une soirée des McCartney chez Yoko Ono à la suite de laquelle un passant reconnait Paul McCartney, non comme un membre des Beatles mais comme le leader du groupe Wings. À partir de là, on remonte le temps jusqu’en 1969 et aux tensions internes au groupe des Fab Four.

Alors on ne peut qu’être admiratif devant la qualité graphique de l’ouvrage (même si on est plutôt BD franco-belge only en temps habituel). Les amateurs de l’histoire des Beatles et de McCartney en particulier retrouveront de multiples clins d’œil aux pochettes d’album, à des photos iconiques, verront que l’auteur respecte les différents aspects des visages (avec ou sans barbe ou moustache) selon les moments. L’auteur est lui aussi un passionné et cela se voit. L’ensemble se structure autour de pages simples ou de doubles pages rattachées à un moment précis (un lieu, une date) qui s’enchaînent chronologiquement après le petit passage inaugural en 1976. L’ensemble est cependant assez noir avec des bleus sombres et des rouges vifs comme sous-dominantes colorées. C’est un parti pris qui peut se comprendre mais qui est relativement étouffant.

Cette bande dessinée n’apprendra pas grand-chose aux fans qui connaissent la carrière de Paulo sur le bout des doigts. Elle est cependant intéressante quant à l’évolution du regard porté sur la fin des Beatles. Il faut se souvenir qu’en 1970 c’est McCartney qui est pointé du doigt comme le coupable puisqu’il sort son premier album solo une semaine avant le Let it be mis à la sauce Phil Spector. C’est lui qui lâche l’information de la séparation du groupe. Dans sa monumentale biographie de John Lennon parue au début des années 2010, Philip Norman faisait encore peser sur le bassiste gaucher la responsabilité de la rupture. C’est pourtant le même qui, en 2016, absout Paul et le présente comme le véritable moteur du groupe, rejetant finalement les principales responsabilités du fiasco final sur… George Harrison. Ce Beatles turn correspond bien à une époque où, à travers le documentaire de Peter Jackson ou la sortie d’enregistrements des séances de travail, on cherche à montrer que les tensions existaient certes au sein du groupe mais qu’elles n’atteignaient pas l’intensité admise jusque-là. On revisite donc cette période 1969-1970… mais partiellement. Dans la BD, McCartney apparaît clairement comme une victime lâchée par ses trois camarades… Seul contre tous… Alors qu’il avait derrière lui le clan Eastman (la famille de Linda) lequel n’apparaît pas ici.

On le voit donc. Même l’histoire d’un groupe de pop-rock (pas le plus insignifiant certes) a sa propre historiographie et ses évolutions au fur et à mesure de l’ouverture (partielle et partiale ?) des sources. La BD d’Hervé Bourhis s’intègre parfaitement dans cette évolution.

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